Ma bibliothèque à trois sous

Titre : L’extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet

Auteur : Reif Larsen

Chronique : Si vous aimez l’aventure, les trains et l’Amérique comme Jaques Kerouac mais si vous appréciez quand même un peu l’âme de midinette et l’humour d’une Little Miss Sunshine ce livre est fait pour vous. L’extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet c’est aussi un univers imaginaire foisonnant illustré par une multitude de petites illustrations cocasses. Le héros du livre : TS Spivet est en effet un jeune garçon de 12 ans qui n’ignore plus rien de l’art subtil de la cartographie et du dessin scientifique. Il est même tellement doué que le temple de la science américaine : le Musé Smithsonian, ignorant son jeune âge, désire lui attribuer un prix prestigieux. Une culpabilité liée a un drame familial et la relative indifférence de ses parents vont pousser TS à faire ses valises et à embarquer clandestinement dans un train de marchandise en direction de la capitale. Ce livre plaira autant aux ados qu’aux adultes, autant aux esprits scientifiques qu’aux aventuriers. C’est sans doute ce mélange unique et savoureux qui a poussé le cinéaste Jean-Pierre Jeunet a en obtenir les droits. Le film sortira en 2013. Le livre de poche, dans son format original est entièrement illustré, ce qui en fait presque un livre-objet.

Chronique : A défaut de découvrir le bar parfait dont il est question dans cet ouvrage, vous avez plutôt rendez-vous dans ce petit ouvrage avec le poivrot parfait. Les mauvaises langues se contenteront de l’appeler le parfait poivrot et ils auront tort, le portrait va bien au-delà. Le narrateur assoiffé est lâché dans un Paris hésitant entre le grandiose et le miteux à la poursuite du bar idéal. Parallèlement une bande de truands organise un mauvais coup. On s’attend à une confrontation houleuse. Au fil des rencontres du narrateur avec d’autres piliers de comptoirs on découvre un homme érudit et connaisseur qui ne manque pas de fantaisie. Les truands ou la police auront-ils raison de la passion dévorante du narrateur pour le petit vin blanc sec ? Vous ne tarderez pas à le découvrir au terme de ce mini-polar à consommer sans modération. Ceux que les histoires de beuveries laissent de marbre se laisseront-ils séduire quand même par cette virée finalement plutôt agréable en compagnie d’un artiste de la bacchanale ? C’est probable !

Chronique :

Ecrivain hors norme, Erri de Luca, est aussi un véritable personnage de roman. Ancien activiste d’extrême gauche, il se plonge quotidiennement dans la lecture de la Bible sans pour autant être croyant. C’est pour faire sa propre traduction de la Bible qu’il a appris l’hébreu ancien et l’araméen. Ces études ont-elles sur lui des effets inattendus ? Chacun de ses livres est un petit miracle. « Montedidio » n’échappe pas à la règle. Chaque page du livre accueille un petit paragraphe. Ainsi c’est comme une photographie dans son écrin blanc ou une fenêtre qui s’ouvre sur le monde pitoresque d’un jeune apprenti menuisier de douze ans et de sa jeune fiancée Maria, dans les ruelles de Naples. Dans ce décor sépia de l’Italie des années cinquante, les deux enfants sont confrontés au monde des adultes. Parfois mal traitants et vicieux, parfois absents, parfois généreux et riches d’enseignements, les adultes les poussent à grandir et à s’entraîner pour le jour J . Ce jour tant attendu ou il faudra se montrer fort et prêt pour le grand saut vers l’âge adulte. Symbolisées par un boomerang  et par la bosse du bon Don Rafaniello qui ne demande qu’à laisser échapper ses ailes, les étapes de la vie apparaissent comme autant de voyages passionnants. Mais le merveilleux monde de l’enfance est toujours menacé par la triste réalité. Lancer-vous, vous aussi dans la lecture de ce magnifique roman initiatique. Vous en ressortirez ému et peut être un peu transformé.

Auteur : Erri de Luca

Titre : Montedidio

Prix neuf : 5 euros 70

Pages : 230

Chronique : Vous attendiez des révélations sur le sens de la vie ? Vous cherchiez un maître à penser ? Quelqu’un qui aurait tout compris du fonctionnement de l’univers ? Fred Vargas est la personne que vous attendiez. L’auteur bien connu de polar se met à la philosophie pour notre salut à tous. Il ne nous reste plus qu’à fermer à clef les églises, les mosquées et autres synagogues. Une nouvelle ère est arrivée. Quel est l’enseignement principal de ce livre irremplaçable? Qu’elle est la leçon inestimable de ce « petit » traité qui mériterait un autre qualificatif tant il fait preuve de maîtrise et d’inventivité ? Si son titre ne vous met pas sur la voie, si ses premières pages ne sont pas une révélation, si vous ne passez pas une bien meilleure journée après avoir lu ce livre, vous avez peut être besoin de vacances. Une petite dose d'humour ne peut pourtant vous être que profitable.

Auteur : Fred Vargas

Titre : Petit traité de toutes vérités sur l’existence.

Prix neuf : 2 euros

Pages : 94

Chronique : On entend souvent dire que pour avancer dans la vie, il faut savoir se donner ou accepter les coups de pieds au cul. Forts de ce principe, on a, en France aussi, il n’y a pas si longtemps envoyé les enfants loin de leurs familles, dans des internats ou des maisons de  redressement qui ne respectaient pas souvent la psychologie et le bien être des enfants. Les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes. En effet, si certains trouvent dans la soumission aux chefs et au groupe la voie du salut. D’autres, peut être de la graine de résistants, peut-être ceux dont la force des rêves leur interdit de baisser la tête comme les autres, ne peuvent s’y résoudre. Il en résulte parfois un terrible gâchis. Si l’on en croit Fatiah Touré l’auteur de ce texte court, un enfant de cinq ans comme son héros, le petit Cheik est déjà capable de faire un choix. Arraché au confort et à la tendresse des bras de sa mère et envoyé dans une école  aux pratiques terriblement cruelles, il va désormais devoir se débrouiller seul. Quelles seront les épreuves et le destin qui l’attendent ? Du haut de ses cinq ans peut-il faire entendre sa voix ? Il suffit parfois de quelques mots d’un adulte pour tracer un destin. En littérature c’est une bonne chose, mais qu’en est-il dans la vie ?

Auteur : Fatiah Touré

Titre : Enfance

Prix neuf : 4 euros

Quoi qu’il arrive, vous assisterez à un bal réussi. Vous admirerez la légèreté et la grâce des mots, la musique du langage d’Irène Némirovsky et son sens du rythme. Alors qu’importe si la vengeance de la jeune Antoinette est terrible. Qu’importe la menace qui pèse sur l’organisation du premier grand bal mondain de sa mère. Qu’importe l’entrée dans le monde de cette famille de nouveaux riches ? Vous assisterez à de grands moments. Vous visiterez avec beaucoup de plaisir l’appartement clinquant de cette famille ou deux femmes vont s’affronter. L’une est vieillissante et espère avec ce bal rattraper le temps perdu. Elle ne veut surtout pas s’afficher avec sa grande fille. L’autre, une adolescente constamment rabrouée par sa mère, supporte de plus en plus mal d’être écartée des plaisirs des adultes. La mère est capricieuse, comment se comportera la fille ? A quel style de danse vont-elles se livrer : valse, tango, charleston ? L’auteur vous invite à un bal que vous n’êtes pas prêt d’oublier.

Auteur : Irène Némirovsky

Titre : Le bal

Prix neuf : 6 euros 90

Personne n’oublie, ni ses amis, ni ses ennemis d’enfance. Tout au long de la vie leur seule évocation fait ressurgire des souvenirs que l’on voudrait souvent aussi vivaces que possible. Malheureusement le temps fait son œuvre et parfois un très léger voile les enveloppe. Faites-vous aider de Truman Capote et revivez avec lui les émotions de cet âge comme si vous ne l’aviez jamais quitté. Ses personnages sont tellement attachants et tellement bien campés que l’on a l’impression de les connaître depuis toujours. Philosophe et un peu originale, son amie et vieille cousine Miss Sook, nous fait cadeau de sa clairvoyance. Le méchant Odd Henderson incarne parfaitement tous les apprentis harceleurs. Peut être en offrant ce livre à un tout jeune lecteur, lui suggèrerez-vous qu’un recadrage est parfois nécessaire pour résoudre un conflit. Prendre la situation sous un angle différent, rompre un cercle vicieux ne s’apprend pas dans les livres. Ils  peuvent néanmoins servir d’inspiration. Mais faut-il nécessairement être un enfant pour tirer profit d’une telle leçon ? Le savoir-faire de Miss Sook est utile de 7 à 77 ans.

Auteur : Truman Capote

Titre : L’invité d’un jour

Prix neuf : 3 euros 30

« Si le Paradis proposé [la France]n’en était pas un, où aller chercher un palliatif au désespoir ? » Voici la question que se pose Sahondra tout juste arrivée en France. En effet, à peine cette jeune immigré malgache a t’elle posé les pieds à Paris que les déceptions pleuvent. Ce n’est pourtant pas le climat qui lui paraît le plus rude. Mais déjà l’absence de l’accueil promis par une correspondante française évanouie dans la nature. Mille et un petits tracas qui l’assaillent dès son arrivée à l’aéroport et les menaces qui planent au dessus de la tête de celles et ceux qui s’aventurent si loin de leurs familles. Le roman de Michèle Rakotoson est intéressant à plusieurs niveaux. Bien sûr il nous livre un témoignage passionnant sur l’expérience d’une exilée malgache. Mais il nous permet aussi de voyager avec elle dans le Paris et le Nord de la France des années Mitterrand. Déjà la crise, déjà le Front National, la pauvreté, déjà les difficultés des migrants dans les préfectures mais pas encore les Charters à tour de bras, les portables et Internet.Ce livre nous permet de prendre du recul et de mesurer la solitude des déracinés, la solidarité au sein des communautés et le fossé qui nous sépare déjà de la France des années 90. Certaines mains se tendent d’autres pas, pourquoi ne pas juste ouvrir les yeux sur l’expérience de ces aventuriers modernes ?  

Auteur : Michèle Rakotoson

Titre : Elle, au printemps

Prix neuf : 7 euros.

Chronique :  Qu’y a t’il de commun entre un fusil de chasse, un serpent, l’amour et une révélation ? C’est la question que l’on peut se poser à la lecture de ce court roman japonais. Ce fusil de chasse qui dénote tellement dans le paysage bucolique du Japon de l’après-guerre accompagne les premières pages du roman. Lourd et froid, il menace le lecteur qui se promène sur les flancs du mont Amagi en compagnie de l’auteur : Yasushi Inoué. Puis il disparaît du récit pour laisser place à trois lettres de femmes destinées au même homme. C’est une autre forme de violence, contenue jusqu’à l’extrême que révèlent ces trois lettres de femmes. Quel plus bel environnement que le Japon des vases en porcelaine, des fleurs et des vêtements de soie mais aussi du souvenir des B-29 et des bombardements  pour évoquer la fragilité et le pouvoir destructeur des sentiments ?

Auteur : Yasushi Inoué

Titre : Le fusil de chasse.

 Prix neuf : 3 euros.

Chronique : Il est des voix qu’on n’entend jamais : celle de ceux qui vivent avec trois fois rien. Ils sont encore plus rares, ceux qui ne demandent rien à la société et qui n’en veulent à personne de leur situation, ni aux immigrés, ni aux nantis. Ils sont exceptionnels : ceux qui ont fait de leur précarité un art de vivre. J.R. Geyer est de ceux là. Un original , un marginal, un vagabond pour certains. Un personnage de romans et un artiste de la débrouille pour d’autres. Monsieur Geyer nous explique dans ce livre comment il part à la chasse aux petits prix dans la jungle consumériste des supermarchés. Il raconte ses repas de gourmets qui sont sa fierté et ses petites et ses grandes déceptions de chasseur de bonnes affaires. Au fil des pages, on devine un être sensible qui a su préserver ses relations avec sa fille et se prend à rêver d’une société plus juste et plus humaine. Voilà une lecture qui va totalement à l’encontre du courant de la société. Monsieur Geyer nous dérange dans nos habitudes. Pourquoi ne pas se laisser un peu déranger ?

Auteur : J.R. Geyer

Titre : l’art de vivre au maximum avec le minimum.

Acquisition : collection Indigène (3 euros)